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Edito

Délit d’engagement.
Le 25 octobre 2015, la police française arreÌ‚tait une camionnette britannique preÌ‚te aÌ€ reprendre le ferry vers l’Angleterre. AÌ€ l’arrieÌ€re,
eÌ tendue sur la couchette, les policiers deÌ couvrent une petite Afghane de quatre ans, Bahar Ahmadi. Le conducteur, Rob Lawrie, est arreÌ‚teÌ sur le champ, placeÌ en garde aÌ€ vue, puis mis en examen
pour avoir voulu faire passer l’enfant en Grande-Bretagne. DeÌ but septembre, ce militaire aÌ€ la retraite de 49 ans avait eÌ teÌ bouleverseÌ par les images du cadavre du petit Aylan, eÌ choueÌ sur une plage de Turquie. Il s’eÌ tait jureÌ de « faire quelque chose », il eÌ tait parti aÌ€ Calais la camionnette remplie de vivres pour aider les migrants de la « jungle ». Il y reviendra plusieurs fois, finissant par rencontrer Bahar et son papa. Jusqu’aÌ€ craquer, un soir, et proposer de faire passer la petite fille pour la ramener, aÌ€ quelques kilomeÌ€tres de chez lui aÌ€ Leeds, chez des membres de sa famille...
Il risque cinq ans de prison. Devant ce fiasco, sa femme le quitte, emmenant les enfants. DeÌ sespeÌ reÌ , il tente de se suicider. Son histoire bouleversera les Britanniques. AÌ€ la mi-janvier, un tribunal français le condamnera finalement aÌ€ mille euros d’amende avec sursis, pour n’avoir pas attacheÌ la fillette lors du transport...Une histoire vraie, presque identique aÌ€ celle que racontait en 2009 le film Welcome ouÌ€ jouait Vincent Lindon. « Cet homme, c’est un Juste. On devrait le remercier », a commenteÌ l’acteur.
Comme le heÌ ros du film, Bob Lawrie avait fait un choix. Celui auquel invite le temps de careÌ‚me, qui deÌ bute ce 10 feÌ vrier : ouvrir les yeux, et s’engager sur la route du chan- gement. Au risque, parfois, de l’illeÌ galiteÌ . En empruntant la voie eÌ troite, et pas l’autoroute des slogans « On est chez nous ! », « ReÌ fugieÌ s dehors ! » ou « Le seuil de toleÌ rance est deÌ passeÌ !  ». Des reÌ ponses toutes-faites que les partis populistes se complaisent aÌ€ seriner aux oreilles de tous ceux qui se sentent deÌ boussoleÌ s par ce qui les deÌ passe.
Oui, tout le monde se pose aujourd’hui davantage de questions qu’hier, quand tout paraissait aiseÌ , beau et prometteur. Et les reÌ ponses, les vraies, sont devenues moins faciles et surtout moins eÌ videntes.
Plus que jamais, il est temps de renoncer aux simplismes des certitudes. Il faut essayer de comprendre. Chaque mois, c’est ce que L’appel s’efforce de proposer, en s’inspirant du regard des eÌ vangiles. Un travail ardu, que notre eÌ quipe essentiellement beÌ neÌ vole tente d’accomplir au mieux. En ces moments difficiles, il nous paraiÌ‚t eÌ vident qu’il faut encore parfaire cette deÌ marche. Et, en 2016, cela a un couÌ‚t que ne nous permettent d’assurer ni les abonnements et la pub, ni le soutien de la FeÌ deÌ ration Wallonie-Bruxelles ou de Fondations. Le « plus » de qualiteÌ que vous eÌ‚tes en droit d’attendre de L’appel deÌ pend de vous, de la geÌ neÌ rositeÌ compleÌ mentaire de nos lecteurs. Vous trouverez au centre de ce numeÌ ro un virement qui vous permettra de nous soutenir par vos dons. Merci de contribuer ainsi aÌ€ ameÌ liorer encore votre magazine et d’appuyer son « deÌ lit d’engagement » !

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