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Edito

NOËL INTERDIT.

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On ne parle que de cela, en tout cas dans les meÌ dias : cette anneÌ e, pourrons-nous feÌ‚ter Noël ? De couvre- feu en reconfinement et en prolongations, la question paraiÌ‚t existentielle. Autant, en avril, le passage au bleu de la feÌ‚te de PaÌ‚ques n’avait-il pas fait couler des fleuves d’encre, autant cette angoissante question est-elle deÌ sormais sur toutes les leÌ€vres. Et pas seulement sur celles des –˜bons chreÌ tiens’. Non. Le suspens d’une eÌ ventuelle absence de ceÌ leÌ bration de Noël eÌ treint tout le monde sans distinction. Noël n’eÌ tant plus essentiellement une feÌ‚te religieuse, l’eÌ ventualiteÌ de ne pas pouvoir la vivre –˜comme d’habitude’ s’apparente aÌ€ la pire des violences qui puisse nous eÌ‚tre faite. Nous avions deÌ jaÌ€ accepteÌ bien des sacrifices, mais celui-laÌ€ semble intoleÌ rable. Noël est investi d’une telle symbolique que, sans cette feÌ‚te, ce qui nous rattache aÌ€ la vie d’avant semblera encore plus teÌ nu, sinon inexistant.

Pourtant, personne n’envisage d’interdire Noël. Au nom des mesures sanitaires, c’est la manieÌ€re d’organiser sa ceÌ leÌ bration qui est en cause, et en premier lieu les deÌ placements et les rassemblements. Il n’y a pas si longtemps, parents et enfants avaient de nombreuses occasions de se revoir. On se retrouvait autour d’une table pour les anniversaires des uns et des autres, ou pour la feÌ‚te des peÌ€res et des meÌ€res. Souvent, la tradition du diÌ‚ner dominical chez les parents, autour d’un roÌ‚ti ou d’un poulet, eÌ tait bien ancreÌ e. Bref, on se coÌ‚toyait. Aujourd’hui, ces occasions se sont rareÌ fieÌ es. Les jeunes parents reÌ‚vent d’autres occupations le dimanche qu’un repas en famille. Aux anniversaires, un coup de fil, un sms ou un message facebook font deÌ sormais l’affaire. La fragiliteÌ des couples a aussi susciteÌ l’eÌ clatement de bien des familles. Difficile, pour papy-mammy, d’eÌ‚tre deÌ sormais proches de leurs petits-enfants. Sauf une fois par an : aÌ€ Noël. « Noël, ensemble », comme le chantait Johnny Hallyday.

Interdire les rassemblements aÌ€ Noël revient aÌ€ nous priver d’eÌ‚tre ensemble, tous ensemble, au moins une fois. Et remplacer ce moment unique par une session sur Zoom ou sur Whatsapp paraiÌ‚t inacceptable. Quelle deÌ ception, quel manque de chaleur. Les autres anneÌ es, aÌ€ la Noël, on s’efforce d’organiser pour les per- sonnes seules des repas, des rassemblements, tant ce jour-laÌ€ la solitude est pesante. Cette fois, tout le monde risque d’eÌ‚tre seul, ou en tout cas en treÌ€s petit comiteÌ .

Mais, finalement, est-ce cela le plus important ? « Tant crie-t-on Noël qu’il vient  », eÌ crivait le poeÌ€te François Villon en... 1458. AÌ€ force de vouloir reÌ‚ver Noël, ne l’imaginons-nous pas souvent bien plus beau qu’il ne le sera dans la reÌ aliteÌ ? L’instant Noël est-il toujours aÌ€ la hauteur de tous les espoirs que nous y avons mis ? L’esprit de Noël, dont on parle si souvent, souffle eÌ videmment en ce jour pas comme les autres. Mais ce qui le creÌ e est bien anteÌ rieur au moment de la
ceÌ leÌ bration de la naissance de JeÌ sus. C’est l’attente qui baÌ‚tit l’esprit. Noël ne se fait pas en un jour, mais tout au long de sa preÌ paration.

Au lieu d’eÌ‚tre deÌ çu de ce Noël qui risque de ne pas eÌ‚tre comme les autres, efforçons-nous, plus que jamais, d’en vivre la venue, l’ –˜avent’. En imaginant comment y associer les autres, et en cherchant deÌ€s maintenant aÌ€ voir comment partager cette feÌ‚te, qui sera suÌ‚rement hors de l’ordinaire.

PreÌ parez bien Noël. Tous ensemble.

Fredéric ANTOINE

Rédacteur en chef

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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