Une nuit avec un ogre de papier
Une nuit avec un ogre de papier
À l’origine, la fierté de chaque entreprise de presse était de posséder sa propre imprimerie. Mais, depuis deux ans, tous les journaux du sud de la Belgique sont imprimés dans un seul et même lieu, à Nivelles. Des rotatives qui, malgré leurs vingt ans d’âge, restent parmi les plus modernes d’Europe. Même si les tirages ne sont plus ceux d’hier, chaque nuit, l’activité est intense.
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DANS UN MÊME BAIN
Les lecteurs du Soir, de La Libre, de L’Avenir, de la DH/Les Sports, de La Gazette, de La Meuse ou d’autres titres de Sud Info, ignorent souvent que tous ces journaux sont produits sur les mêmes rotatives, d’où sort aussi le Grenz-Echo, de même que L’Écho et De Tijd. Comme l’atteste l’article 25 de la Constitution belge, si « La presse est libre », c’est que, par le passé, posséder sa propre imprimerie était ce qui assurait l’indépendance d’une entreprise
de presse. Inauguré en 2005 dans le zoning de Nivelles, l’imposant immeuble de l’imprimerie RPC, haut de plus de 15 mètres, a d’abord eu pour mission d’éditer tous les titres du groupe Rossel. Ces dernières années, suite à l’évolution du marché de la presse, L’Avenir, puis les journaux du groupe IPM, ont également choisi de se faire imprimer par leur concurrent plutôt que de créer de nouveaux outils.



À LA SUEUR DES ROBOTS
Les journaux sont écrits et mis en page dans leurs rédactions, à Bruxelles et en Wallonie. Dans la soirée, le fichier numérique de chaque page est envoyé à l’imprimerie, où travaille au total une centaine de personnes. Là-bas, une flasheuse décompose le contenu de chacune des pages en 4 plaques offset en aluminium (pour le noir et les 3 couleurs fondamentales). Ces plaques sont dites hydrophiles
car elles absorbent l’eau. On en utilise ici 60 000 par mois. Au même moment, de l’autre côté de l’usine, six robots suédois déplacent d’énormes bobines de papier fabriquées essentiellement avec du papier recyclé. Les plus petites font 600kg. Les plus grosses, 3 tonnes… Des ouvriers spécialisés les chargent ensuite sur une des quatre rotatives qui peuvent, si besoin, tourner simultanément.



LA MARCHE DU MONSTRE
Dans les rotatives, les plaques sont montées sur un cylindre porte-plaque, la production de chaque page nécessitant quatre passages dans la machine. Puis le monstre se met lentement en marche. Lors de l’impression, les zones non imprimantes des plaques reçoivent une fine couche d’eau, tandis que l’encre n’est appliquée que sur les
zones gravées. La plaque ne dépose donc pas l’encre directement sur le papier. Elle est d’abord transférée sur un cylindre en caoutchouc, qui transfère lui-même l’image sur le papier. Une fois toute l’opération effectuée, les ouvriers vérifient le produit à sa sortie.



L’ŒIL DU PRO
Alors que sortent les premiers exemplaires, les techniciens contrôlent la qualité de l’impression, la fidélité des couleurs et leur répartition. Et corrigent si besoin. Tandis que les journaux grimpent sur les chaînes, commence alors l’expédition vers les centres de distribution ou de portage au domicile des abonnés. Plus de quatre millions de journaux sont encore
produits à Nivelles chaque semaine. Une preuve que, si les ventes papier diminuent, bien des lecteurs restent fidèles à ce type de presse. Tant et si bien que, même si les éditeurs s’efforcent d’inciter la clientèle à s’abonner en ligne, stopper demain l’impression de journaux papier placerait la plupart des entreprises de presse face à de grandes difficultés…
Des visites de l’imprimerie sont organisées les mardi, jeudi et vendredi à partir de 14h30. En soirée, à partir de 21h30, les lundi, mardi et jeudi. 5€/personne.