Et la boule de Noël est apparue…

Et la boule de Noël est apparue…

Il y a près de 175 ans, les premières boules de Noël en verre seraient nées dans les Vosges du Nord (France). Aujourd’hui encore, cette fabrication est entretenue, à un stade artisanal, dans les dernières verreries et cristalleries du Pays de Bitche, entre l’Alsace et la Lorraine. Et au Centre International d’Art verrier de Meisenthal, une nouvelle boule de Noël voit le jour chaque année.

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Publié le

31 décembre 2023

· Mis à jour le

4 février 2025
Un bâton au bout duquel il y a un rond en verre rouge

REMPLACER LA POMME

La première mention de l’existence d’un arbre de Noël en Alsace remonte à 1521. À l’époque, on l’ornait notamment de pommes rouges et on l’appelait “l’arbre du paradis”. En 1858, en Moselle, la récolte de pommes, catastrophique, rend impossible d’en décorer les sapins. Un souffleur de verre travaillant dans un des ateliers du coin a alors l’idée de les remplacer par des pommes

en verre soufflé. La boule de Noël était née. Il ne faudra pas longtemps pour qu’elle ne se contente pas d’être simplement en verre soufflé. On aura vite l’idée de la tremper dans du nitrate d’argent ou du mercure pour la rendre brillante et diversifiée. Mais elle sera toujours aussi fragile. C’est ainsi que ce type de boules deviendra la norme dès l’entre-deux-guerres.

RENAISSANCE INESPÉRÉE

Au fil du temps, la production mondiale des boules de Noël (et d’objets en verre) s’industrialise, et passe au plastique ou à l’aluminium. Dans les années 1960, toutes les verreries des Vosges ferment. À Meisenthal, où l’usine a tenu 265 ans et a été le berceau du verre “art nouveau”, on ne veut pas d’une friche industrielle. En 1992, une bande de passionnés jusqu’au-

boutistes y crée le Centre International d’Art Verrier (CIAV). La culture de la boule de Noël y reprendra forme. Mais il faudra du temps pour que ces anciens ateliers soient totalement rénovés. En octobre 2022, le nouvel ensemble ouvre ses portes. Il réunit un musée du verre et du cristal, un centre de production verrier et un grand espace scénique.

EN IMMERSION

Dans une partie des ateliers, deux fours ont été rallumés, les verriers et les souffleurs sont revenus. Avec une vingtaine de personnes, Meisenthal produit désormais cinquante mille boules par an. De jeunes créateurs viennent parfaire ici leur apprentissage

de l’art du verre. Chaque année, un artiste est également invité à concevoir “sa” boule de Noël originale, qui sera ensuite produite sur place. Le tout nouveau parcours- découverte proposé aux visiteurs depuis un an a fait du passage par l’atelier son must incontestable.

BOULE SECRÈTE

Avec l’extrémité de sa canne d’acier, l’ouvrier cueille le verre en fusion à 1 300 °C. Puis il fait rouler sa canne sur une rampe métallique, opération indispensable pour arrondir et centrer le verre avant de le souffler. La matière en

fusion est ensuite emprisonnée entre les mâchoires d’un moule. Il insuffle alors de l’air avant de libérer une boule parfaite. La boule de l’année est produite hors de la vue des visiteurs, dans un atelier top secret. Car le CIAV entretient le

mystère autour de cette boule, et ne le lève qu’à la mi-novembre. Jusqu’à Noël, le petit village de Meisenthal est alors pris d’assaut par des milliers d’amateurs qui viennent sur place compléter leur collection de petites merveilles de Noël…

D’autres ateliers, comme la cristallerie Lehrer (photo p. 15) créent aussi une boule de Noël annuelle. Plusieurs sont ouverts au public toute l’année (dont les cristalleries Saint-Louis.)

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