DOUZE CONTES POUR RELIRE NOËL AUTREMENT

DOUZE CONTES POUR RELIRE NOËL AUTREMENT

Bien que prenant de grandes libertés par rapport aux récits de l’Évangile, les contes imaginés et écrits par Jean Bauwin éclairent avec bonheur l’authentique message de Noël.

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Publié le

30 novembre 2023

· Mis à jour le

4 février 2025
Jean Bauwin souriant à la caméra devant une étagère remplie de livres

Neuf ans après la sortie d’un premier recueil, Jean Bauwin, collaborateur à L’appel, en publie un second qui rassemble douze nouveaux contes. Inspiré par une expression de Jean Debruynne : « C’est l’humain seul qui devient la terre de l’Évangile », il met en scène, autour de la crèche, des personnages qui n’apparaissent que bien plus tard dans les récits canoniques. Il s’explique : « Tout se passe comme si, à Bethléem, se trouvaient en germe les grands épisodes de la vie terrestre de Jésus. Comme si les paraboles qu’il raconterait plus tard trouvaient leur terreau à Bethléem. En faisant se télescoper les récits de la Nativité avec ces histoires qui arrivent plus tard, je raconte Noël comme on ne l’a jamais entendu jusqu’ici, et ça donne des Noëls pas comme les autres. » Dans ces contes, en effet, le temps est chamboulé. On y trouve des allusions marquées à des paraboles, des miracles, des prises de paroles et de position audacieuses de Jésus, en les plaçant avant la vie publique de celui-ci.

MÊME LUMIÈRE, AUTRE ÉCLAIRAGE

Sans dévoiler le contenu des contes, il faut savoir qu’autour de Marie, de Joseph et de Jésus, et des autres figures traditionnelles, les bergers, les mages, le bœuf, l’âne, etc., interviennent une série de personnages connus pour leur rôle bien plus tardif. C’est là, en plus du style lumineux, que se découvre le joyau de ce recueil. Ainsi, Jean Bauwin imagine la présence, lors de la naissance de Jésus, d’un petit garçon de dix ans nommé Simon, qui deviendra plus tard Simon-Pierre. L’enfant déclare aux soldats d’Hérode ne pas connaître de bébé né récemment. Dans ce cas-ci, c’est bien pour protéger Jésus nouveau-né, et non pour le trahir ! À ce moment-là, le coq chante. 

Ce contre-emploi d’une certaine forme de mensonge, ou de reniement, adresse un clin d’œil complice au lecteur qui connaît la suite de la vie du Christ. Et précisément le récit de la passion, évidemment bien plus tardif dans la chronologie des Évangiles. L’épisode ainsi “tordu”, puis tressé autrement, suggère un sens parlant pour l’humain du XXIe siècle. Autre exemple : à l’auberge de Bethléem, le tenancier raconte à Joseph que son fils David a quitté la maison avec le jeune cuisinier, Jonathan. Le conte fait ici intervenir l’histoire du fils prodigue lors de la naissance de Jésus. On trouve aussi, dans un même récit, une association improbable de personnages comme la femme adultère et l’aveugle-né, épisode qui a d’ailleurs inspiré la couverture du livre à l’artiste Astrid Lambeaux.

LE PETIT QUI GAGNE

L’actualité dans son aspect tragique sert aussi de matériau à ce recueil. Dans le conte Noël en quarantaine, une épidémie oblige Marie et Joseph à quitter le village de Nazareth, ravagé par un virus mortel, pour trouver refuge à Bethléem, où la maladie semble mieux gérée. Jean Bauwin confie que, pour écrire chaque récit, il s’est demandé quelle figure serait présente à la crèche. Il fallait que, d’une certaine façon, le personnage lui fasse signe. « Je mets deux histoires ensemble et je vois ce que ça donne, explique-t-il. Quels personnages vais-je faire venir ? Je sens que ça matche. C’est intuitif. » 

Ces histoires imaginées « redonnent voix et chair au récit de Noël, parce qu’ils prennent racine dans le terreau du quotidien », comme le souligne dans la préface Christian Merveille, lui aussi collaborateur à L’appel. Le conte, estime-t-il, est le lieu idéal pour accueillir l’inexplicable. Il est donc l’endroit tout désigné pour célébrer au mieux toutes les facettes de la richesse du message que délivre Noël. « C’est toujours l’irruption de l’incroyable : le petit qui gagne, le perdu retrouvé, le chemin qui mène à la fontaine, les brimés qui s’émancipent, la mort qui est vaincue, le retour à la maison. »

Chantal BERHIN

Jean BAUWIN, Des Noëls pas comme les autres, Paris, Éditions Vérone, 2023. 13,5 euros.

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