— Quel regard portez-vous sur votre parcours ?

— Pour moi, c’est un continuum. On a du mal à imaginer son âge réel. Dans ma tête, j’ai 35 ans peut-être, et il me reste encore une étape à vivre. Il s’agit d’une vie d’engagement et, pour moi, l’engagement est ce qui fait sens. J’estime être chanceuse d’avoir eu des parents aimants et d’avoir pu partir et voyager très jeune. 

— Dans quelle mesure être née pendant la guerre vous a-t-il marqué ?

— Née en 1943, je n’en ai pas de souvenirs, mais c’est sûr que cela a marqué mes parents et la société norvégienne qui était une société de pénurie. Tout manquait à la sortie de la guerre. On avait hébergé trois cent mille soldats allemands pendant cinq ans, tout était rare. On a vécu avec des cartes de rationnement, pour la nourriture notamment, jusqu’à la fin des années 50. Et rien n’était libre, tout était règlementé. Il était par exemple très compliqué d’acheter une voiture. Et la surface des maisons en construction était limitée. Même si vous étiez très riche, elle ne pouvait excéder cent mètres carrés, c’était une question de ressources disponibles. La Norvège était donc une société profondément égalitaire, il y régnait vraiment un esprit collectif. 

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