QUELLE ANNÉE !
QUELLE ANNÉE !
Un point d’exclamation peut avoir de multiples significations. Il peut exprimer « la surprise, la joie, la crainte, l’émerveillement, la colère, l’ordre, etc. », précise le logiciel de correction grammaticale Cordial. Et on a souvent envie d’en aligner plusieurs, pour bien faire comprendre que, nom de nom, qu’est-ce qu’on est énervé, emballé, scandalisé ou attristé….
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Un point d’exclamation peut avoir de multiples significations. Il peut exprimer « la surprise, la joie, la crainte, l’émerveillement, la colère, l’ordre, etc. », précise le logiciel de correction grammaticale Cordial. Et on a souvent envie d’en aligner plusieurs, pour bien faire comprendre que, nom de nom, qu’est-ce qu’on est énervé, emballé, scandalisé ou attristé. Dans L’appel, on s’emploie à ce que ces manifestations d’humeur, pas toujours utiles, soient modérées. Autant vous dire donc que, si je me permets d’accoler un « !– au titre de cet éditorial, c’est qu’il me semble vraiment le seul moyen de manifester à la fois ma peine, mon désarroi, face aux 366 jours qui viennent de s’écouler, mais aussi ma petite flamme d’espoir vis-à-vis des 365 nouveaux qui commencent. Un peu comme si, pour prononcer « quelle année », je recourais à deux intonations différentes, l’une défaitiste et l’autre plus prometteuse.
Il y a un an, en se souhaitant la Bonne Année, qui pouvait imaginer que celle-ci marquerait à jamais l’histoire du monde, et celle de chacun de nous en particulier ? Le 9 janvier 2020, une dépêche de l’AFP annonçait bien qu’un nouveau virus avait été identifié en Chine, et notait un premier décès. Mais pas de quoi alors affoler la vieille Europe. Tout au plus la nouvelle inquiétait-elle un peu ceux qui comptaient se rendre alors dans cette partie du monde. Fin janvier, la plupart des pays d’Asie appliquaient déjà des mesures de précaution, les pharmacies étaient en rupture de stock de masques, ou les vendaient à prix d’or. Dans les moyens de transport ou les lieux publics, on commençait à se protéger. Mais, pour la plupart d’entre nous, tout cela était si lointain… Enfin presque. Car le 15 février, l’AFP annonçait le premier décès en France d’un touriste chinois…
Les mois qui suivront seront marqués par la sidération, le déboussolement et la désolation. Une situation inconnue de par chez nous depuis la Seconde Guerre mondiale. Le plafond de la voûte céleste tombait sur la tête des moins de 75 ans. Toutes les menaces planant sur les existences, y compris l’absence ou la perte d’emploi, le réchauffement climatique ou le risque nucléaire, devenaient d’un coup insignifiantes. « Notre– univers, ce petit cocon de confort protégé qu’est l’Occident, s’écroulait autour de nous. « Quelle année !– , donc. S’est-elle clôturée sous de meilleurs auspices qu’elle n’avait débuté ? Pas vraiment. Quant à l’avenir… Il y a certes les vaccins. Mais quelle réelle promesse d’immunité garantiront-ils ? Une troisième vague de contaminations, plus grave que les précédentes, n’attend-elle pas de surprendre des peuples fatigués par l’absence de « vie normale– , comme cela avait été le cas pour la grippe en 1919? Pour l’emploi et l’économie, 2021 ne sera-t-elle pas l’année de trop ?…
Pourtant, on ne peut s’empêcher ces jours-ci de vraiment s’écrier « Quelle année !– . Pour les mois qui s’en viennent, que de défis à relever. De résilience à convoquer. De ressources cachées à aller chercher au fond de soi. De nouvelles façons d’être et de vivre à inventer. D’autres mondes à dessiner…
Les drames les plus durs ont souvent contribué à faire bouger la planète. Ils l’ont parfois fait reculer. Mais, souvent, d’un mal a fini par naître un mieux. L’après covid-19, si tant est qu’il survienne, peut être une chance de bâtir un autre monde. « Quelle année ! », donc ! Et, autant que possible, qu’elle soit bonne pour vous !
Frédéric ANTOINE
Rédacteur en chef