Dignité humaine

Dignité humaine

Après un premier document sur la bénédiction conférée à des couples en situation irrégulière, le Dicastère pour la doctrine de la foi aborde une question plus globale, celle de la dignité humaine.

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Publié le

29 mai 2024

· Mis à jour le

20 février 2025
Le chroniqueur Armand Veilleux, à l'extérieur devant des arbres

Collaborateur de longue date du pape François, nommé par lui préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi le 1er juillet 2023, Victor Manuel Fernandez était créé cardinal le 30 septembre de la même année. À peine quelques mois plus tard, le 18 décembre, son Dicastère publiait la déclaration Fiducia supplicans, prévoyant la possibilité d’une bénédiction sur des personnes homosexuelles vivant en couple. Ce texte suscita de nombreuses réactions, non seulement d’évêques et de théologiens individuels, mais aussi de divers groupes, y compris des épiscopats africains. 

RÉACTIONS À CETTE DÉCLARATION

Le texte de cette déclaration faisait clairement la distinction entre les personnes et la situation dans laquelle elles peuvent se trouver, précisant que la bénédiction conférée aux personnes pour les accompagner dans leur recherche spirituelle ne constituait pas une approbation de leur relation. Cette distinction, comme celle entre bénédiction liturgique et bénédiction “spontanée”, peut paraître subtile aux non-spécialistes. Mais tout prêtre exerçant le ministère du sacrement de la réconciliation s’est probablement trouvé un jour devant une situation dans laquelle il ne pouvait donner une absolution sacramentelle parce que les conditions nécessaires ne se trouvaient pas chez le pénitent, mais où il a quand même donné à celui-ci une bénédiction implorant la grâce du Seigneur pour l’accompagner dans son cheminement. Et cela, pas uniquement dans des situations impliquant la morale sexuelle. Aussi bien le monde des affaires que celui de la politique offrent des situations où il n’est pas facile de vivre les valeurs évangéliques et où se présentent des choix difficiles à faire qui demandent parfois un long discernement. Une bénédiction – qui n’est pas l’absolution d’un compromis avec la morale – peut aider dans ce discernement.

VISION PLUS GLOBALE

Il convenait de reprendre la question dans un contexte beaucoup plus large. C’est ainsi que, profitant du 75e anniversaire de la Déclaration universelle sur les droits humains, le même Dicastère vient de publier, sous le nom de Dignitas infinita, un document sur lequel il travaillait depuis cinq ans et qui aborde la question complexe des situations où les droits de la personne humaine peuvent être mis à mal. 

La presse a surtout remarqué la liste impressionnante des graves violations de la dignité humaine qui peuvent se produire. Il s’agit du contenu de la quatrième partie de ce document. Il conviendra cependant de s’arrêter aux trois premières parties qui, reprenant l’enseignement des trois derniers pontificats, énoncent quelques principes généraux concernant la dignité de la personne humaine. Il s’agit d’une dignité ontologique. Selon l’enseignement de l’Église, tous les êtres humains jouissent de cette même dignité, indépendamment de leur sexe, de leurs conditions de vie ou de leurs qualités personnelles. Cette égalité et le droit de tous au même respect se fondent sur leur création à l’image de Dieu, mais aussi sur l’Incarnation du Fils de Dieu qui a assumé notre humanité.

Tout attentat à la vie, que ce soit l’avortement ou l’euthanasie ou encore le suicide, est évidemment une violation de cette dignité de la personne humaine. On sera heureusement surpris de retrouver dans cette liste d’autres formes de violation de cette dignité, que sont la guerre et la traite des personnes humaines, mais aussi la pauvreté, la situation des migrants, la violence contre les femmes et la “violence digitale”.

Dans l’encyclique Laudato sì, le pape François insistait sur le fait que « tout se tient », c’est-à-dire que l’harmonie en chacun de nos cœurs est inséparable de notre harmonie avec nos sœurs et nos frères, de celle avec l’Église et la Société, de même que de celle avec le cosmos et, finalement, avec Dieu. Dans le domaine du respect de l’être humain, tout se tient également. Le choix n’est pas une option.

Armand VEILLEUX, Moine de l’abbaye de Scourmont (Chimay)

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