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EDITO

Restauration rapide

172.000 €. C’est la somme que la Fondation américaine Getty a libérée pour financer la phase préparatoire de la restauration du polyptyque de L’Agneau Mystique des frères Van Eyck, actuellement exposé dans une chapelle de la cathédrale St-Bavon, à Gand. On prévoit au moins de nettoyer le tableau et de renforcer sa peinture. Mais, si des recherches approfondies révèlent des problèmes, on n’exclut pas une restauration lourde.

Début de cette année, c’était d’une autre « restauration » dont parlaient les médias. Celle qui concerne le secteur HORECA. Depuis ce 1er janvier en effet, le « secteur de la restauration » a vu sa TVA réduite à 12%. Et, depuis la même date, dans les cafés où l’on sert une quelconque restauration, il est formellement interdit de fumer...

Dans les deux cas, la « restauration » est affaire de remise en état. L’Agneau Mystique va être restauré parce qu’il est en mauvais état et qu’on entend lui donner les moyens d’affronter dans de bonnes conditions les décennies à venir. Si on « se restaure », c’est parce que l’organisme crie famine, et qu’il s’agit, en l’alimentant, de remettre le corps en état de marche pour les heures à venir.

Depuis quelques mois, de nombreux observateurs constatent que l’édifice « Église catholique » est, lui aussi, en restauration. Les déclarations qui ont suivi la récente visite des évêques belges au Vatican, appelée dans les milieux initiés une « visite ad limina », semblent bien confirmer que l’ère de la restauration a aussi sonné pour l’Église de Belgique. Les chantiers annoncés au terme de la visite auprès du pape, dont les médias se sont largement fait écho, montrent que l’on entend désormais redresser ce qui ne paraît pas « pousser droit ».

Certains affirmeront que, dans ce cadre, le sens du mot « restauration » n’est en rien différent de celui qu’il a pour L’Agneau Mystique ou le secteur HORECA. Dans l’Église aussi, les mesures à prendre viseraient à remettre l’institution « en état ».

Mais est-ce si sûr ? Dans quel état la restauration en cours remettra-t-elle demain le peuple de Dieu ? Lui donnera-t-elle les moyens d’affronter dans de bonnes conditions les décennies à venir ? Cherchera-t-elle à revenir à un état antérieur du tableau, que l’on croit plus beau que ce qu’on peut en voir aujourd’hui ?

La restauration dont il est ici question rimerait plutà´t avec « conservation », « tradition ». Comme lorsque, en 1815, en France, on avait « restauré » la monarchie, précédemment abolie par la Révolution...

Dans ces sens-là , le mot « restauration » paraît tout à coup moins sympathique. Et pas vraiment prometteur d’avenir...

Frédéric ANTOINE

Mot(s)-clé(s) : L’édito
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