Jean-Paul Kauffman : « J’apprécie beaucoup le côté subversif de l’Évangile »

Jean-Paul Kauffman : « J’apprécie beaucoup le côté subversif de l’Évangile »

Ancien journaliste, otage au Liban pendant trois ans de 1982 à 1985, écrivain, Jean-Paul Kauffmann revient dans L’accident sur ses années d’enfance dans les années 1950 et le milieu campagnard imprégné de catholicisme qui ont été déterminants dans son parcours. 

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Publié le

29 avril 2025

· Mis à jour le

13 mai 2025
Gros plan portrait du visage de Jean-Paul Keiffman

— Quel est cet accident qui donne son titre à votre nouveau livre ?

— Il s’agit d’un accident avec un camion survenu en 1949. Il a couté la vie à dix-huit jeunes hommes de mon village revenant d’un match de football en Haute-Bretagne. En apparence, cet accident n’a pas de rapport avec un autre, mon enlèvement au Liban, mais il y a une proximité. Ces deux chocs sont des traumatismes imprévisibles. Si l’on croit à la force du destin et à son caractère irrévocable, la question qui est posée est la suivante : « Pouvait-on échapper à ces accidents ? » Je n’ai pas à ce sujet de réponse définitive.

— Ce livre est aussi une évocation de votre enfance dans les années 1950. Les souvenirs de cette époque ont été très importants au moment où vous étiez otage au Liban. Ils vous ont aidé alors à résister à ce qui vous arrivait…

— Personne n’est préparé à vivre une telle épreuve. Je crois que le fait d’avoir eu une enfance heureuse, enchantée, bienfaisante, un peu austère, même spartiate, mais sécurisante m’a sauvé. Pendant ces trois années comme otage au Liban, je n’ai fait aucun cauchemar la nuit. Je me trouvais transporté dans ce pays de mon enfance. Je réparais la nuit ce qui se défaisait le jour. Pendant la journée, je vivais l’angoisse de l’imminence de la mort. Cela aurait dû tourmenter et empoisonner mes rêves, mais cela n’a pas du tout été le cas. J’ai une dette de gratitude envers ma famille par rapport à cette période bénie de mon enfance.

— Comment était ce monde ? 

— Un monde rural complètement disparu aujourd’hui qui, dans ces années d’après-guerre, n’aspirait qu’à retrouver la vie des années 1930, la même qu’à la fin du XIXᵉ siècle. C’était un monde immuable et immobile, la France des terroirs, comme on l’appelait. L’espace et le temps étaient rythmés par les saisons, les fêtes religieuses, les comices agricoles, les mariages qui duraient trois jours. C’était un monde qui croyait au surnaturel et où subsistait, malgré la ferveur religieuse, un vieux fond païen.

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