
Le réarmement d’une Europe endormie sur les lauriers de ses loyautés aux États-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale fait l’unanimité. C’est à balles de guerre et au pas de charge que les industries vont vraisemblablement tourner. Le tout à la guerre est le côté pile d’une pièce dont on semble oublier l’autre face, celle de la paix. Paradoxalement, en désinvestissant dans l’armée et en levant l’obligation du service militaire, ceux qui étaient engagés pour la paix, les objecteurs de conscience, sont également devenus portion congrue. « Le mur de Berlin avait chuté, c’était fait. Les générations de pacifistes ont évolué et sont devenues des environnementalistes et écologistes. La paix, qui était au départ une action, est devenue un état. On n’a plus vraiment investi dans l’éducation à la paix. Elle serait éternelle. La messe était dite. Elle ne l’est plus », déclare François Bazier, à la tête de l’Université de Paix à Namur depuis des décennies.
S’ils se réveillent timidement de leur torpeur, les défenseurs du pacifisme ne mèneront aucune croisade contre le réarmement. Lancer de blanches colombes sous les cieux plombés par les plus sombres perspectives ne modifiera ou n’apaisera rien à ce stade. « La paix n’a rien avoir avec l’idée de réduire un camp à celui d’anges qui n’ont même pas droit au sexe ou de colombes. Faire la guerre, c’est moi contre l’autre. Faire la paix, c’est moi avec l’autre », schématise François Bazier. Louise Lesoil, experte pour l’ONG Justice et paix définit plus clairement le cadre : « On nous dit souvent qu’on est naïfs. C’est faux. C’est même exactement l’inverse : c’est être lucide. Défendre la paix n’est pas ignorer la réalité mais refuser la fatalité. La plus grande urgence est d’interroger cet état d’alerte et cette unanimité pour le réarmement. Car plus chacun sera armé jusqu’aux dents, plus les conséquences seront lourdes avec toujours plus de déshumanisation. Notre lutte est de penser à des alternatives. S’il faut des chars et des drones, il faut aussi des efforts diplomatiques, respecter la démocratie, l’Etat de droit, la coopération au développement et se mettre d’accord sur une vision partagée de l’avenir. »
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