La première apôtre

La première apôtre

Les célébrations du mystère pascal sont l’occasion de souligner la mission d’un témoin privilégié du Christ Jésus.

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Publié le

31 mars 2024

· Mis à jour le

4 février 2025
Le chroniqueur Armand Veilleux, à l'extérieur devant des arbres

Marie-Madeleine, qui fut la première à rencontrer Jésus le matin de la Résurrection, fut envoyée par celui-ci à ses frères, les apôtres, pour leur annoncer qu’il était ressuscité et qu’il montait vers son Père et leur Père, son Dieu et leur Dieu. Elle alla donc aussitôt annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur. » Par ce geste, elle devint « apôtre » (envoyée) et « évangéliste » (messagère de la bonne nouvelle). Aussi, saint Thomas d’Aquin, à la suite des Pères de l’Église, lui donna le titre d’Apôtre des Apôtres. 

Le 3 juin 2016, à l’occasion du Jubilé de la Miséricorde, le pape François instituait la fête liturgique de Marie-Madeleine, à l’égal de celle des autres apôtres, expliquant que « la décision s’inscrit dans le contexte ecclésial actuel, qui demande de réfléchir plus profondément sur la dignité de la femme, sur la nouvelle évangélisation et sur la grandeur du mystère de la miséricorde ». Sont ici mentionnés trois thèmes importants du pontificat de François.

DANS LES ÉVANGILES

Toute la tradition ecclésiale d’Occident, à la suite de saint Grégoire le Grand, identifie Marie, sœur de Marthe et Lazare, avec la femme qui a versé le parfum sur les pieds de Jésus dans la maison de Simon le pharisien, ainsi qu’avec Marie de Magdala, dite la Madeleine. L’Évangile de Luc, au début de son chapitre 8, décrit comment Jésus, au début de son ministère, faisant route à travers villes et villages, prêchant la bonne nouvelle, était accompagné des Douze ainsi que de femmes qui avaient été guéries d’esprits mauvais et de maladies. Parmi elles se trouvait Marie, dite de Magdala, dont étaient sortis sept démons. Le chiffre “sept” signifie qu’elle était affligée d’un grand nombre de maux. À part ce récit et le moment où Jésus fut reçu dans la maison de Marthe et de son frère Lazare, Marie-Madeleine n’apparaît, dans les Évangiles, que dans les récits de la Passion, de la Sépulture et de la Résurrection de Jésus.

Ainsi, on la retrouve avec la mère de Jésus au pied de la croix, alors que les autres disciples s’étaient dispersés. Puis, le matin suivant, dans le jardin où se trouvait le sépulcre dans lequel le corps de Jésus avait été déposé. Elle y est tout en pleurs parce qu’on a enlevé le corps de son Maître bien-aimé. C’est alors que Jésus se fait reconnaître à elle et l’envoie annoncer à ses disciples la nouvelle de sa Résurrection. C’est pourquoi saint Grégoire la considère comme « témoin de la miséricorde divine ».

Elle est aussi le témoin de la nouvelle forme de présence du Seigneur à son Église. En effet, lorsque, dans ce jardin du matin de Pâques, il se révèle à elle en l’appelant de son nom « Marie », et qu’elle répond « Rabbouni », et veut se jeter à ses pieds, il lui dit de ne pas le toucher, car il n’est pas encore monté vers son Père. Ce message est pour toute l’Église. Il n’est plus présent comme lorsqu’il marchait et mangeait avec ses disciples ; il est désormais présent, jusqu’à la parousie, dans la foi de toute l’Église au Christ Vivant et Ressuscité.

DANS LA TRADITION DE L’ÉGLISE

Le Pape saint Jean-Paul II, très sensible au rôle des femmes dans la mission du Christ et de l’Église, mentionne Marie-Madeleine dans sa lettre apostolique sur la dignité de la femme (Mulieris dignitatem) du 15 août 1988. Il la présente comme premier témoin qui a vu le Ressuscité et première messagère chargée d’annoncer aux apôtres la Résurrection du Seigneur.

Même si la tradition s’est plu à donner à Marie-Madeleine le titre d’apôtre, puisqu’elle avait été « envoyée » (en grec : apostellô) pour « annoncer » à ses disciples la « bonne nouvelle » que Jésus était ressuscité et qu’il se ferait présent aux siens, l’Évangile la présente d’abord comme modèle de « disciple » de Jésus, capable de le « suivre » et de le « servir », puis de se retrouver au pied de la croix, de pleurer sur sa tombe, avant de devenir témoin de sa Résurrection et d’annoncer sa vie nouvelle. Il est donc normal que l’Église, dans sa liturgie, la célèbre parmi les apôtres.

Armand VEILLEUX, Moine de l’abbaye de Scourmont (Chimay)

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