Les limites de la beauté ?

Les limites de la beauté ?

Accueillir un enfant, le nôtre, est assurément le plus beau témoignage de notre passage sur terre. Dans le même temps, il nous révèle ce que nous aimons, il rend lumineux ce que nous souhaitons transmettre, nos valeurs ; il détermine nos limites et, en miroir, il nous éclaire sur qui nous sommes.

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Publié le

31 décembre 2023

· Mis à jour le

4 février 2025
Anthony Spiegeler, les bras croisés, devant un mur de briques blanc

À sa première respiration, dans le temps de ses premières larmes, notre enfant incarne la fragilité. Celle de notre humanité. Protéger. Regarder. Aimer. Notre nourrisson ne hait personne, il n’est la cible d’aucun conflit ; il ne fait l’objet d’aucune amertume malgré ses longs pleurs et ses douleurs criantes. Accueillir un nouvel être nous apporte la joie, l’amour, le réveil de l’enfance en notre sein. Il nous offre un avenir. 

L’INSOUCIANCE DU CHOIX

Le monde de nos enfants est constitué de jeux, de rires, de légèreté, d’apprentissage, de pleine conscience, de déséquilibre, d’impatience et de profonds sommeils. Le plus beau rêve pour un parent serait d’offrir la conscience de la liberté à son enfant. Être heureux. Mais comment apprendre à être heureux ? Quelle est l’action des parents sur ce bonheur ? L’éducation ? Est-ce la transmission des valeurs auxquelles nous adhérons ? Serait-ce dans cet interstice que la question des croyances apparait pour la première fois ? Pour être heureux, devons-nous savoir qui nous accompagne ? Le Droit international consacre la liberté de conscience de chacun sans seuil d’âge. De cela, découle la liberté de pensée, le droit d’exprimer ses convictions et de pratiquer son culte. L’enfant, lui, à côté de ses jeux, de ses insouciances, des beautés de son quotidien, est absorbé, naturellement, dans les discours véhiculés dans le foyer. Dans certaines communautés, il est demandé aux parents de veiller à la bonne éducation morale et spirituelle des enfants. Comment assurer le bon respect du Droit de l’enfant à choisir sa propre conviction dans ce contexte ? Quelle est la limite d’un “marquage” : les sacrements de l’initiation chrétienne ou du mariage à venir, la circoncision de la communauté israélite ? Si deux parents sont issus de communautés différentes, quelles pratiques l’emportent ? Faut-il s’orienter vers un panachage ou une neutralité ? Comment l’enfant peut-il, avec ses mots et à l’heure de ses insouciances, s’offrir la liberté de choisir ?  

LA CLARTÉ PAR LA COMPARAISON

Si les questions d’ouverture à l’autre, de désinformation, de diversité de cultes, de démocratie, d’actualité, d’accueil sont claires pour les enfants, les limites entre la sphère privée et la sphère publique sont encore ténues ; cela, d’autant plus lorsque l’enseignement ajoute de la confusion à l’apprentissage du fait religieux en organisant, à partir de la 3e année maternelle, l’heure de “religion” accessible sur demande pour toutes et tous. Si nous vivons dans une société où l’intérêt supérieur est l’Autre, le respect des communautés, le vivre ensemble, il apparaît évident que le manque d’altérité, le cloisonnement et la séparation des enfants ne sont pas les synonymes d’une citoyenneté circulaire détachée de velléités corporatistes. Rassembler par le jeu, comprendre par le groupe, s’ouvrir au contact de l’autre, voilà ce qui devrait, selon nous, guider les comparaisons au lieu de marquer par le symbole de la différence. 

Si demain, nous considérons les enfants comme des citoyens à part entière, il est impérieux de leur donner les moyens d’exprimer la liberté à laquelle ils aspirent. Il est évident que les enfants et les adolescents s’élèvent avec le concours des adultes, mais en changeant de paradigme, en faisant confiance à ceux-ci, sans reproduire par mimétisme le choix de la tradition, sans instrumentaliser leurs pensées. Le cœur de notre société serait l’épanouissement avant le cloisonnement. En faisant confiance à cette jeunesse, en offrant la garantie d’une compréhension multiculturelle ouverte aux religions par le biais des outils philosophiques, nous ouvrirons le pan d’une éducation à un monde commun.  

Anthony SPIEGELER, Président de Laïcité Brabant Wallon

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