NOEL INTERDIT

NOEL INTERDIT

On ne parle que de cela, en tout cas dans les médias : cette année, pourrons-nous fêter Noël ? De couvre- feu en reconfinement et en prolongations, la question paraît existentielle. Autant, en avril, le passage au bleu de la fête de Pâques n’avait-il pas fait couler des fleuves d’encre, autant cette angoissante question est-elle…

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Publié le

25 novembre 2020

· Mis à jour le

4 février 2025

On ne parle que de cela, en tout cas dans les médias : cette année, pourrons-nous fêter Noël ? De couvre- feu en reconfinement et en prolongations, la question paraît existentielle. Autant, en avril, le passage au bleu de la fête de Pâques n’avait-il pas fait couler des fleuves d’encre, autant cette angoissante question est-elle désormais sur toutes les lèvres. Et pas seulement sur celles des –˜bons chrétiens’. Non. Le suspens d’une éventuelle absence de célébration de Noël étreint tout le monde sans distinction. Noël n’étant plus essentiellement une fête religieuse, l’éventualité de ne pas pouvoir la vivre –˜comme d’habitude’ s’apparente à la pire des violences qui puisse nous être faite. Nous avions déjà accepté bien des sacrifices, mais celui-là semble intolérable. Noël est investi d’une telle symbolique que, sans cette fête, ce qui nous rattache à la vie d’avant semblera encore plus ténu, sinon inexistant.

Pourtant, personne n’envisage d’interdire Noël. Au nom des mesures sanitaires, c’est la manière d’organiser sa célébration qui est en cause, et en premier lieu les déplacements et les rassemblements. Il n’y a pas si longtemps, parents et enfants avaient de nombreuses occasions de se revoir. On se retrouvait autour d’une table pour les anniversaires des uns et des autres, ou pour la fête des pères et des mères. Souvent, la tradition du dîner dominical chez les parents, autour d’un rôti ou d’un poulet, était bien ancrée. Bref, on se côtoyait. Aujourd’hui, ces occasions se sont raréfiées. Les jeunes parents rêvent d’autres occupations le dimanche qu’un repas en famille. Aux anniversaires, un coup de fil, un sms ou un message facebook font désormais l’affaire. La fragilité des couples a aussi suscité l’éclatement de bien des familles. Difficile, pour papy-mammy, d’être désormais proches de leurs petits-enfants. Sauf une fois par an : à Noël. « Noël, ensemble », comme le chantait Johnny Hallyday.

Interdire les rassemblements à Noël revient à nous priver d’être ensemble, tous ensemble, au moins une fois. Et remplacer ce moment unique par une session sur Zoom ou sur Whatsapp paraît inacceptable. Quelle déception, quel manque de chaleur. Les autres années, à la Noël, on s’efforce d’organiser pour les per- sonnes seules des repas, des rassemblements, tant ce jour-là la solitude est pesante. Cette fois, tout le monde risque d’être seul, ou en tout cas en très petit comité.

Mais, finalement, est-ce cela le plus important ? « Tant crie-t-on Noël qu’il vient », écrivait le poète François Villon en… 1458. À force de vouloir rêver Noël, ne l’imaginons-nous pas souvent bien plus beau qu’il ne le sera dans la réalité ? L’instant Noël est-il toujours à la hauteur de tous les espoirs que nous y avons mis ? L’esprit de Noël, dont on parle si souvent, souffle évidemment en ce jour pas comme les autres. Mais ce qui le crée est bien antérieur au moment de la
célébration de la naissance de Jésus. C’est l’attente qui bâtit l’esprit. Noël ne se fait pas en un jour, mais tout au long de sa préparation.

Au lieu d’être déçu de ce Noël qui risque de ne pas être comme les autres, efforçons-nous, plus que jamais, d’en vivre la venue, l’ –˜avent’. En imaginant comment y associer les autres, et en cherchant dès maintenant à voir comment partager cette fête, qui sera sûrement hors de l’ordinaire.

Préparez bien Noël. Tous ensemble.

Fredéric ANTOINE

Rédacteur en chef

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