Place(s) aux femmes
Place(s) aux femmes
On prête souvent à André Malraux la phrase « Le XXIe siècle sera religieux [ou : spirituel] ou ne sera pas ». S’il avait été réellement visionnaire, Malraux aurait aussi dû dire : « Le XXIe siècle sera féminin ou ne sera pas. » Au terme de siècles d’aveuglement et de déni, et suite à…
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On prête souvent à André Malraux la phrase « Le XXIe siècle sera religieux [ou : spirituel] ou ne sera pas ». S’il avait été réellement visionnaire, Malraux aurait aussi dû dire : « Le XXIe siècle sera féminin ou ne sera pas. » Au terme de siècles d’aveuglement et de déni, et suite à des dizaines d’années de lutte, la situation que les sociétés (patriarcales) accordaient aux femmes est en train de changer. Les tendances à la parité dans les fonctions, que le monde des décideurs politiques semble découvrir tant à l’échelon régional belge qu’européen, illustre la soudaine prise de conscience masculine d’une nécessité d’organiser la démocratie sur base d’une représentation juste de celles et ceux qui la composent. Le politique semble cette fois donner l’exemple. Mais quid du monde économique ? Les médias ont fait maintes gorges chaudes du choix de la patronne de Proximus de délaisser son poste pour des cieux (financièrement) plus cléments. Toutefois, l’arbre ne cache-t-il pas encore la forêt ? Dans les milieux syndicaux et associatifs, la place des femmes paraît plus assurée. Y est-on pour autant à l’équilibre ? Dans chacun de ces domaines, il faudra tôt (et non tard) y arriver.
Et qu’en est-il dans… les milieux religieux ? Dans ce secteur, comme dans bien d’autres, les catholiques ont plutôt du pain sur la planche pour se hisser au diapason du monde qui les entoure.
À L’appel, nous en apportons la preuve tous les mois. Notre rubrique « Croire… ou ne pas croire » compte trois femmes sur quatre auteur–¢e–¢s. Chacune d’entre elles est porteuse de responsabilités et officie, au sens premier du terme, dans l’institution où elle exerce ses convictions. Pour des raisons logiques, il n’y a pas de représentant catholique dans cette chronique. Mais si l’on passe en revue les chroniqueurs « romains » du magazine, on ne trouve que des hommes… Cela n’a pas toujours été le cas. Nos colonnes ont déjà été ouvertes à des femmes actives dans l’Église catholique. Mais, contrairement à leurs consoeurs d’autres convictions, aucune n’a pu officier comme elles dans l’Église romaine…
Notre dessinatrice de presse est une femme. Et la chronique de page 5, inaugurée le mois dernier, cherche, de manière plus ouverte qu’en confinement à une Église, à élargir notre part de paroles de femmes.
« Oui, certes, pourriez-vous dire. Mais au sein de votre équipe de rédaction, combien de femmes ? Et pour la fonction que vous exercez vous-même ? »
Nous comptons effectivement en nos rangs trop peu de femmes (mais notre rédaction est loin d’être phagocytée par des clercs…). Accorder aux femmes une juste place est un combat. Que ce soit, par exemple, dans les conventions d’écriture, les sujets traités, les personnages rencontrés, ou les illustrations que nous plaçons en première page.
Mais L’appel est conscient de son déficit, notamment en plumes féminines, et cherche à le combler. Car L’appel du XXIe siècle, ou ce que deviendra ce qui se dénomme aujourd’hui « le magazine L’appel », devra bien sûr aussi être largement ouvert au féminin, voire être féminin. Ou ne pas être.
Frédéric ANTOINE
Rédacteur en chef