Barnabé : des chansons nées au cœur de la vie

Barnabé : des chansons nées au cœur de la vie

Solitaire collectif, le nouveau CD de Barnabé, propose des chansons simples et naturelles qui prennent par le cœur et mènent au plus intime, en faisant découvrir l’universel que l’on trouve au quotidien.

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Publié le

29 mai 2024

· Mis à jour le

20 février 2025
Photo en noir et blanc de Barnabé habillé en noir, en portrait qui regarde la caméra

Artiste touche-à-tout, véritable homme-orchestre, Barnabé Dekeyzer, son nom complet, est tout à la fois comédien, metteur en scène, créateur de spectacles destinés à tous les publics, tant adultes qu’enfants. Il anime la troupe de théâtre Vivre en Fol Cie et a imaginé un lieu de spectacle, La Templerie des Hiboux, à Temploux. « Évidemment, il y a la scène avec tout ce que ça comporte de partage d’émotions, déclare-t-il, mais je me sens de plus en plus un homme des mots. Je me rends compte que ce sont eux et l’écriture qui relient tout ce que je fais et me connectent aux gens, au monde et aux choses. Je pense que c’est la chanson qui fait le lien entre toutes mes activités et me permet d’aller dans plein d’univers différents, puis de revenir à moi, de me comprendre, de me ressourcer et de partir vers d’autres horizons. »

ÉCLECTISME ASSUMÉ

Cet éclectisme avoué, Barnabé l’assume pleinement, ne fût-ce que dans l’intitulé de son nouveau CD, son troisième, Solitaire collectif. Titre qui balise l’étendue des thèmes qu’il y explore avec justesse, tendresse et humour. « La chanson, c’est mon refuge. J’aime m’y retrouver. Solitaire collectif est une définition qui me correspond bien. Vivre à la fois la solitude de l’écriture et le partage des chansons avec plein de gens. Les chansons me viennent comme ça, quand je suis tout seul. Lorsqu’on écrit, on est toujours tout seul, mais ça n’a de sens que si c’est ensuite partagé. Cela peut se faire avec des musiciens. Il y a eu cette belle rencontre avec Line Adam qui a admirablement arrangé chaque morceau de cet album sous la forme d’une relecture musicale à partir de mes mots. C’est elle qui a choisi les musiciens et les a dirigés. Cela se prolonge sur scène avec d’autres musiciens pour partager ces chansons avec le public. Cela fait beaucoup de monde. »

On découvre, dans ce CD, une déclaration de solitude revendiquée : « Je suis un solitaire, ce renard aux yeux bleus / Qui aime qu’on le perde dans la neige un petit peu / (…) Solitaire mais perdu sans sa meute / Solitaire collectif, stylo hyperactif / Cœur ouvert, adhésif, solitaire collectif. » Et aussi un magnifique hommage à l’amitié : « Amitié grandeur citadelle / Amis repères amis réels / Amis solides forteresses / Amis demain amis tendresse. » C’est comme si tous les textes de Barnabé se répondaient en tissant des liens entre des choses qui paraissent très éloignées, voire incompatibles. « Les deux syllabes d’“ami” se trouvent dans plein de mots, comme dans la vie, observe-t-il. Dans cette solitude, les amis tiennent beaucoup de place. Ceux avec lesquels je travaille et ceux que je côtoie en dehors du milieu de la scène. C’est une belle bouffée d’oxygène. Sans oublier tous ceux qu’on a rencontrés tout au long de sa vie. Cela fait vraiment beaucoup de monde. »

DES CHANSONS CADEAUX

Ce petit monde, c’est aussi sa famille et ses très proches dont il parle avec beaucoup de tendresse, de pudeur et de justesse à travers des chansons cadeaux qu’il leur fait à certaines occasions. Il a ainsi écrit un hommage à son père à qui il doit son amour des mots : « Si j’aime tant rebondir de pied en pied, de vers en vers / C’est que j’avais chez moi le plus beau des dictionnaires / C’est que j’ai appris à parler dans la langue de mon père. » Un besoin aussi de mettre des mots sur « les silences à fleur de peau » d’une relation mère-fils : « Dans les conseils de nos mères / Y a tout l’amour de la terre / Des ouragans de tendresse sur nos bobos / Dans les conseils de ma mère / Y a tous nos câlins d’hier / Mon petit corps blotti contre son ventre chaud. » 

Sans oublier l’attente d’un enfant qui viendra « Peut-être demain / Peut-être cette nuit » et son irruption au sein d’un couple avec tout ce que cela change dans la vie et dans le ressenti de sentiments, telle l’inquiétude de ne pas être à la hauteur « Je t’apprendrai des mots plus tendres qu’une fraise des bois / En retour tu veux bien m’apprendre à être papa. » Avec la confiance en cette métamorphose : « Je nous adore nous trois parce que je t’aime toi / Parce que je l’aime elle / Et ce nouveau lien qui nous tisse et nous noue / C’est nos pas vers demain qui résonnent déjà. »

PAS DE PRIVATE JOKE

« C’est peut-être demain est une chanson que j’ai écrite dans mon lit l’avant-veille de la naissance de Babette, notre fille, se souvient son auteur. Tout en faisant bien attention de ne pas réveiller la maman. Elle est venue d’une traite. J’avais cependant l’impression que c’était une chanson trop intime, qui ne parlait que de nous. Un peu comme une lettre personnelle écrite à un ami. J’ai pourtant pu constater en la chantant qu’elle était universelle. Il y a des chansons qu’on écrit pour soi et d’autres qui ouvrent au monde. Une vraie ne doit pas être dans la private joke, mais concerner l’auditeur. Et cela a été le cas avec celle-ci où je constate que beaucoup de monde a pu y mettre des choses personnelles et une grande part de son vécu. C’est bouleversant de se rendre compte que les gens peuvent y projeter leurs propres images. Cela m’émeut beaucoup. Il n’y a pas de photos dans une chanson, chacun peut mettre toutes les images qu’il souhaite. Une chanson c’est tellement vaste, c’est comme mille films. »

Dans la tête de Barnabé se bousculent tant de choses à raconter, à célébrer, à espérer. Comme rendre hommage à ce mystérieux monsieur « parti sur la pointe des pieds ». S’interroger pour savoir « où vont les souvenirs quand on meurt ». Souhaiter le retour de la « nuance ». Jouer avec les mots : « Au galop de Billi, des guilis pour Malo / C’est Malo qui pâlit quand Billi est palot. » Voire même exiger de pratiquer l’esprit chevaleresque avant de se taper « sur la tronche ». Des chansons tissées au fil du temps par cet artiste qui se déclare volontiers artisan : « La chanson est un artisanat. Peut-être y a-t-il le talent, mais ce talent se cultive. Il est sans cesse remis sur le métier, avec le même plaisir qu’un luthier confectionnant une guitare. Il ne fait pas toujours les mêmes, mais il prend le temps et met tout son talent pour en créer de belles, qui sonnent bien. Il y a deux ans, j’ai fait faire la mienne. C’était un de mes rêves. Le luthier a mis un an à la fabriquer. Il me donnait des nouvelles du bois qui séchait et de l’avancement de ses travaux. Cette guitare est un exemplaire unique. Chaque chanson l’est aussi. Voir mon métier comme un artisanat, j’adore ça. J’aime me présenter comme un artisan de la chanson. »

Christian MERVEILLE

Couverture du CD "Solitaire collectif" de Barnabé en noir et blanc avec une photo de lui qui se tient le visage avec ses mains

CD : Barnabé, Solitaire collectif.

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