Le paysage de la mort se transforme
Le paysage de la mort se transforme
On juge une société à la façon dont elle enterre ses défunts. Dans un monde de plus en plus déboussolé, il est plus que temps de replacer la mort au milieu de la vie, développe Marie Waller dans un essai vivifiant, « Redonner une place à nos morts ».
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« Il n’est pas une année sans que, à la Toussaint, experts, chercheurs, professionnels et même, depuis quelque temps, des férus du tout-numérique s’interrogent très sérieusement sur une possible disparition des cimetières à moyen ou long terme. »Ces propos de Benoît Gallot, conservateur du cimetière du Père-Lachaise à Paris, anticipent de quelques années ceux de Marion Waller qui a travaillé pendant huit ans à la ville de Paris, en charge pendant deux ans des affaires funéraires où elle a découvert « un univers génial »dont on ne connait que la partie émergée : le cimetière. Un réseau de lieux importants, comme les chambres funéraires, les morgues ou les crematoriums, et où l’on rencontre des fossoyeurs, agents des pompes funèbres, responsables de cimetières, etc. Dans son ouvrage, Redonner une place à nos morts, elle montre combien il apparaît de plus en plus essentiel de réintégrer la mort au sein des villes et des villages.
MIROIR DE LA SOCIÉTÉ
La mort a été mise à distance, physiquement et spirituellement. Mourir au XXIe siècle devient alors une tâche ardue, car on meurt sans universel, parfois seuls, et en craignant de laisser un monde abîmé à ses descendants. Même si l’on meurt plus égaux qu’auparavant, et on peut se réjouir de cette égalité : on vit dans une « démocratie funéraire ». La sépulture individuelle, en effet, est restée un privilège jusqu’au code Napoléon, imposant une sépulture décente à tout citoyen, le peuple devant se contenter jusque-là des fosses communes. Le baron Hausmann, dans sa transformation de Paris, suggèrera d’y installer – sans y parvenir – une nécropole accessible à tous, faute de place.
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