Merveilleux titre du recueil de pensées de la philosophe Simone Weil, La pesanteur et la grâce évoque l’ambigüité de la condition humaine devant Dieu. Cette ambigüité est récapitulée de manière exemplaire dans la figure de l’apôtre Pierre à travers son triple reniement (Matthieu 26, 69-75) et sa triple déclaration d’amour à Jésus (Jean 21, 15-19). Le reniement et les larmes de Pierre ont inspiré de nombreux artistes : des poètes, tels Luigi Tansillo ou Charles Baudelaire ; des peintres, tels Georges de La Tour, Diego Velasquez ou Rembrandt ; des musiciens, tels Roland de Lassus, Marc-Antoine Charpentier ou Jean-Sébastien Bach qui mit en musique deux fois cette scène, dans sa Passion selon saint Jean et dans sa Passion selon saint-Matthieu. 

L’œuvre de Li Chevalier, Erbarme dich (Aie pitié), est un hommage à la Passion selon Matthieu de J.-S. Bach. Claude Abromont, sur le site de Radio France, évoque cet aria écrit pour une voix d’alto, « un timbre souvent lié chez Bach à l’âme en peine ou au pêcheur accablé par le poids de ses fautes », et le violon solo dont Bach nous enivre à travers « une incroyable guirlande de notes ». Il conclut son propos en écrivant : « Paradoxe ultime, pour évoquer les larmes qui promettent le salut, Bach mêle de façon géniale tristesse et ivresse sonore… »

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