Six homélies de Thierry Tilquin : des paroles vivifiantes à partager
Six homélies de Thierry Tilquin : des paroles vivifiantes à partager
Thierry Tilquin, trop vite parti, reste présent avec son art d’écrire et sa profondeur de pensée. Il fait résonner fortement le texte biblique avec l’actualité. Et invite le lecteur à s’émerveiller de l’audace et de la liberté du Christ.
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Comment partager les écrits bibliques avec le non-initié ? C’est un enjeu. Comment faire, de ces textes, des paroles pour la route ? C’est ce que propose le troisième recueil d’homélies de Thierry Tilquin. Il est bon de rappeler que ce prêtre namurois, emporté par le covid fin octobre 2020, a été membre du Conseil d’Administration de l’Appel et un collaborateur d’une grande profondeur du comité de rédaction du magazine. Il avait l’art d’écrire des articles interpellants, riches et accessibles à tous. Né en 1957, il avait une formation théologique. Il disait qu’il faisait de la théologie par les pieds. Pour lui, faire de la théologie, c’était partir du concret de l’existence. Il a aussi été formateur et directeur du Cefoc (Centre de formation Cardijn) et professeur à l’institut Lumen Vitae. Et il a beaucoup voyagé en Afrique subsaharienne et en Palestine. Ce sont toutes ces expériences qui ont nourri sa réflexion et sa théologie. Plusieurs brochures invitent ainsi à le suivre à travers les homélies qu’il a partagées avec les paroissiens de Bouge où il résidait.
COMMENTAIRES BIBLIQUES
Ces homélies, ce sont des commentaires des textes bibliques, que Thierry Tilquin proposait pendant l’eucharistie. Ce ne sont pas des sermons, mais un partage pour aider à les faire résonner dans nos vies quotidiennes. Sachant bien qu’ils ont été écrits dans un tout autre contexte politique culturel et religieux. Depuis Vatican II, l’éventail des lectures s’est considérablement enrichi. Auparavant, les cinquante-deux mêmes textes étaient proposés chaque semaine. La réforme liturgique voulue par le Concile a permis d’en augmenter le nombre, puisqu’ils se répartissaient sur trois ans.
La première lecture est un texte de l’Ancien Testament. La deuxième est principalement constituée de lettres de l’apôtre Paul, de Pierre, de Jacques et de Jean. La troisième, puisant dans les quatre Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean, rend possible une lecture plus enrichie des Écritures. Les chrétiens habitués aux eucharisties ont donc été mis en présence de textes qu’ils n’avaient jamais entendus. L’année B (année 2023), par exemple, parcourant l’Évangile de Marc, en propose essentiellement de cet évangéliste, hormis ceux consacrés à de grandes fêtes, comme Noël, Pâques, l’Ascension, etc.
ENVOYÉS DEUX PAR DEUX
Tout l’art de l’auteur de ces homélies est de transformer des paroles parfois abstraites en paroles vivantes. Par exemple, dans l’Évangile de Marc 6, 7-13, Jésus envoie ses disciples en mission. Son chemin n’a pas été facile, il n’a pas été si bien accueilli que cela. Dans sa propre région, il a été rejeté. « Nul n’est prophète en son pays », reconnaissait-il lui-même. « Avec ses disciples, raconte Thierry Tilquin, il se rend dans les villages alentour et, pour la première fois, écrit Marc, il envoie les douze deux par deux plutôt que seuls. C’est le signe que ce dont ils témoignent ne vient pas d’eux-mêmes. Leur démarche n’est pas une initiative personnelle, mais est portée plus collectivement et s’enracine dans l’expérience vécue avec Jésus. En s’en allant deux par deux, on a moins tendance à se prendre pour le nombril du monde et l’on peut converser, évaluer, débriefer… »
« L’annonce de la Bonne Nouvelle, n’est donc pas le fait de quelques spécialistes patentés, de quelques ‘fils de’ ou de professionnels. Elle est une œuvre collective de laquelle personne ne peut être exclu et dont tous portent la responsabilité. Les disciples partent aussi sans bagages. Pourquoi s’encombrer de ce qui est inutile, lourd à porter, de ce qui empêche d’aller vers autrui, d’être reçus, d’être accueillis, de faire l’expérience de l’hospitalité ? Dans l’esprit de l’Évangile, il s’agit donc d’abandonner l’esprit de conquête sans abandonner celui de proposition. Dans l’Église catholique d’aujourd’hui, certains s’enferment dans leurs certitudes. Jésus invite à se mettre en route, à partir sur des chemins nouveaux et inconnus. Sans certitudes a priori, sans message à transmettre au fond sinon l’invitation au changement. »
Paul FRANCK
Paroles vives pour la route. Recueil d’homélies de Thierry Tilquin et quelques amis, temps particuliers et fêtes et temps ordinaires, années B (2023), A (2022) et C (2021), Namur, Cefoc, 2023. www.cefoc.be