Velibor Colic : « La guerre est une expérience impossible à imaginer »
Velibor Colic : « La guerre est une expérience impossible à imaginer »
Amateur de jazz et de littérature, Velibor Colic est Croate de Bosnie. En 1992, il s’est retrouvé, à son corps défendant, plongé dans le conflit qui opposait son pays tout juste indépendant à ses voisins d’ex-Yougoslavie. Cet éphémère militaire qui vit aujourd’hui à Bruxelles s’en souvient dans un livre, « Guerre et pluie », couronné par le prix Rossel.
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« Je ne me rappelle plus à quel moment la guerre a éclaté à nouveau dans mon esprit. Ma courte et violente guerre de 1992. Des décennies se sont écoulées depuis ces événements. Mais il ne me semble pas avoir complètement fermé cette porte. Les souvenirs de guerre arrivent en pagaille et je les trie fiévreusement. La netteté de ces images est stupéfiante. Ce sont des expériences complètes avec des sons, des odeurs, du sang et des armes. Avec la vraie peur qui apparaît dans ma tête et qui m’enveloppe froidement. »
Ces phrases sont extraites de Guerre et pluie, livre dans lequel Velibor Colic, né il y a 60 ans, se remémore ses quelques mois passés dans l’armée bosniaque, avant de déserter puis de gagner la France. Après avoir vécu en Bretagne et à Strasbourg, il habite désormais Bruxelles avec sa compagne belge d’origine croate. Une ville dont il connaît principalement les hôpitaux et les médecins, comme il le note en souriant. Il est en effet atteint d’une maladie de peau extrêmement rare qui l’a trainé de service en service, mais dont il ne reste nulle trace aujourd’hui.
PREMIERS BOMBARDEMENTS
Entre sa petite ville bosniaque à la capitale belge, où il a posé ses valises début 2020 à la veille du premier confinement, Velibor Colic a tracé un chemin imprégné de douleurs, de violences et d’incertitudes. Adolescent, deux passions l’habitent : la musique, particulièrement le jazz, et la littérature. En 1992, à 28 ans, en attendant de devenir écrivain, son rêve avoué, cet ancien étudiant en lettres est « animateur-journaliste-producteur » dans une radio régionale au moment où se produisent les premiers bombardements, au lendemain de la déclaration d’indépendance de la Bosnie-Herzégovine. « Lorsqu’un obus est tombé sur la Bourse et que j’ai vu un homme décapité, je me suis dit que la guerre était bien là, raconte-t-il. La guerre, c’est quelque chose en dehors de toutes les expériences que l’on peut imaginer. Rien ne l’y prépare, aucune expérience, aucune émission de télé, et même si elle a lieu chez ses voisins. Se retrouver dedans produit une forme de blocage plus fort que soi. »
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