Da Vinci, un génie aux multiples facettes
Da Vinci, un génie aux multiples facettes
Léonard de Vinci, figure symbolique de la Renaissance, a excellé dans de nombreux domaines, allant très loin dans l’idéal de connaissance et de maîtrise des arts et des techniques. Liège lui consacre une exposition accessible à tous.
Publié le
· Mis à jour le

Découvrir ou redécouvrir quelques aspects du génie multiforme de Léonard de Vinci : voilà ce que le visiteur peut attendre de l’exposition ouverte à la gare des Guillemins de Liège jusqu’à la fin du mois de juin. Et cela dans un parcours qui mélange les genres : des objets authentiques, des maquettes, des vidéos, des reconstitutions, des reproductions, etc. C’est sans doute la marque de fabrique de la société Europa Expo qui organise depuis trente ans de tels événements immersifs, dans le but de faire vivre à un public le plus large possible une expérience au contact d’une époque, d’un thème ou d’un personnage. On peut rappeler quelques-unes de leurs réalisations : J’avais 20 ans en 45 (1995), Made in Belgium (2005), Salvador Dali (2016) ou Napoléon. Au-delà du mythe (2021).
UNE VIE ITINÉRANTE
Le parcours de l’exposition démarre avec l’évocation du peintre à travers deux de ses œuvres emblématiques. La Joconde, que l’on peut considérer comme l’image phare de la peinture occidentale de tous les temps, sans doute la plus connue et celle qui reçoit le plus grand nombre de visiteurs au Louvre. L’original n’est certes pas présent, mais plusieurs réinterprétations, parodies ou pastiches suffisent à rappeler le statut exceptionnel de ce tableau fascinant, mystérieux, dont l’héroïne semble regarder le spectateur dans les yeux, où qu’il se trouve.
À ses côtés, le Salvator Mundi tient également une place importante. Cette peinture, connue sous une vingtaine de copies de l’atelier de Léonard de Vinci, a bénéficié d’une restauration et a été exposée en 2011 à la National Gallery de Londres, avant d’être achetée pour quatre cent cinquante millions de dollars par le prince héritier d’Arabie saoudite en 2017. Une projection vidéo donne à voir le coup de marteau du commissaire-priseur de Christie’s à New York pour adjuger la vente du tableau le plus cher du monde.
La vie de l’artiste est aussi évoquée à travers des objets et des dessins qui retracent son itinéraire. Né à Vinci, petit village de Toscane, fils d’un notaire, Léonard se retrouve à Florence dans l’atelier de Verrocchio, puis à Milan, où il travaille pour les Sforza. À Venise, il se met au service des Borgia, puis va au Vatican, où la concurrence de Michel-Ange et de Raphaël l’empêche d’obtenir beaucoup de chantiers d’envergure. C’est dans ces conditions qu’il accepte l’invitation de François Ier à venir en France. Il passera les trois dernières années de sa vie comme premier peintre, premier architecte et premier ingénieur du roi, au château du Clos Lucé, à Amboise.
TOUS LES CODEX
Une des fiertés des organisateurs de cette exposition est de présenter la collection complète des codex de l’artiste italien conservés à ce jour. Édités en quelques exemplaires au XXe siècle, ils rassemblent environ sept mille pages d’observations, de réflexions et de croquis. Les vitrines donnent à voir quelques feuillets originaux, mais aussi des reproductions ou fac-similés. Ils offrent une idée de la variété des préoccupations et recherches de Léonard da Vinci dans des domaines allant de la géologie à l’optique, de l’anatomie à l’art militaire, de la mécanique à la gastronomie et de la mécanique à la mathématique.
Après avoir pu admirer de nombreux croquis décrivant des mécanismes ou machines diverses, le spectateur découvre une série de maquettes représentant en 3D les créations de Léonard. Un des secteurs dans lequel il a beaucoup travaillé concerne l’art de la guerre, très important à une époque où les conflits se succèdent. Plus d’un tiers de ses dessins illustrent des recherches ou projets pour perfectionner les systèmes d’assaut ou de défense. Une reconstitution d’un char d’assaut est figurée grandeur nature. Les engins de chantier sont aussi nombreux, en particulier des systèmes de levage des matériaux au moyen de poulies ou de vis sans fin. Une maquette reconstitue un projet de pont pivotant et une autre un pont à deux voies de circulation superposées. Dans le secteur aérien, une maquette illustre un projet de vis aérienne, que certains considèrent comme l’ancêtre de l’hélicoptère, de même que les ailes inspirées de celles des oiseaux pourraient préfigurer l’avion ou le deltaplane.
Les croquis, reconstitutions et maquettes exposés à Liège balaient un large éventail des inventions de Léonard, même si les notices explicatives rappellent qu’il a rarement inventé de nouveaux engins. Le plus souvent, il observe et étudie ce qui existe déjà et cherche les moyens pour perfectionner le système.
GÉNIE GASTRONOME
La dernière section de l’exposition dévoile un côté rarement abordé de la personnalité de l’artiste : il était fin gastronome et a livré de nombreuses notes à ce sujet. Une vidéo présente l’évocation d’un banquet qu’il a donné au château du Clos Lucé, avec pour invité principal le roi François Ier. Se souciant du local où l’on prépare les repas, il a imaginé la cuisine idéale, dont on peut visiter une reconstitution grandeur nature. Ses préoccupations allant aussi à l’équipement, il a dressé la liste des ustensiles que devrait comporter toute bonne cuisine. Une vitrine offre également au regard de très belles pièces authentiques de vaisselle en verre ou en céramique de cette époque.
Intéressé par la gastronomie, comme par tant autres domaines où il a œuvré pour trouver des systèmes facilitant les tâches à accomplir, il a imaginé une rôtissoire automatique, mue par l’air chaud. Cet air chaud qui monte dans la cheminée fait tourner des ailettes qui, grâce à un système d’engrenages, font à leur tour tourner la pièce à rôtir. Et il note dans un codex : « En fonction de la température modeste ou plus forte, la pièce à rôtir tournera lentement ou rapidement. » Il se préoccupe même des bonnes manières à table et édicte des règles pour les banquets de la Renaissance : « Ne mettez pas vos pieds sur la table. Ne posez pas votre tête dans l’assiette. Ne coupez pas la table avec votre couteau. Ne laissez pas vos oiseaux voler librement à table. »
Côté aides à la visite, outre l’audioguide et les visites guidées, des animations sont prévues. Par exemple une chasse au trésor et un atelier De l’art la gastronomie.
José Gérard
Expo Da Vinci, l’artiste, l’ingénieur et le gastronome, espace Muséal de Liège-Guillemins – 30/06 ma-di 10-19h – europaexpo.be