Dans un service pédiatrique bruxellois, un enfant autiste s’étonne des borborygmes qu’un clown lui offre en “miroir des siens”, l’espace de quelques secondes. Il sourit devant cet étrange bonhomme soudain proche et qui s’avance prudemment vers des zones secrètes et intimes de son être. L’artiste n’a pas de baguette magique, même ses techniques de jeu sont parfois infécondes. Il n’a sans doute alors comme choix que de s’immerger dans son propre clown, un personnage plus vieux que le théâtre lui-même, à la fois vulnérable, riche de son regard naïf sur le monde et de son ouverture aux cadeaux du présent : un pied qui bouge sous les draps, un pigeon qui se pose sur le rebord de la fenêtre, un reflet de soleil sur le mur… Ces petits riens qui deviendront pour lui des leviers et des opportunités de jeu. 

Voici une dame au grand âge qui, dans un aparté improvisé, souffle à l’oreille du clown un chagrin qu’elle n’a jamais confié au personnel de la maison de repos. Que s’est-il passé en elle pour que cette confidence voie le jour ? Qu’a fait le clown ? Ou, justement, que n’a-t-il pas fait pour que surgisse cette parole ? Le clown reste un amoureux du monde et de la vie, même au bord de la mort. Si la personne visitée ne communique presque plus avec l’extérieur, ou si elle se réfugie dans une bulle de solitude, il va tenter ce voyage vers elle, vers son humanité. C’est une sorte de parcours spirituel où quelque chose se passe, se crée. 

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