Le Cefoc (centre de formation Cardijn) travaille dans le domaine de l’éducation permanente. Au cœur de sa mission, il place “la recherche de sens” ancrée dans l’expérience et la vie des personnes. L’ouvrage Lire la Bible aujourd’hui : pourquoi ? comment ?, signé Jean-Claude Brau, Véronique Herman et Pontien Kabongo, entend partager les découvertes accumulées au fil d’années de lecture biblique en groupe. Son préalable est le refus d’une lecture fondamentaliste qui consiste à prendre les textes à la lettre, comme une parole de Dieu que l’on ne peut pas discuter. Si, par exemple, la Bible dit que le monde a été créé en sept jours, c’est que c’est vrai. Ce courant manifeste aussi un attachement à la matérialité de récits, comme la traversée de la mer rouge. Dans le fondamentalisme, aucune recherche d’interprétation n’est possible.

LES SOURCES ÉCRITES

La méthode historico-critique cherche, au contraire, le sens historique du texte. Que voulait dire l’auteur à son époque ? Au temps de sa rédaction, quel pouvait être le sens d’un tel texte pour ceux qui le recevaient ? La première étape de cette méthode consiste à rechercher les sources écrites. Quels sont le contexte littéraire, le plan et l’organisation du texte ? Puis vient la critique des traditions qui s’intéresse à la façon dont un texte a été transmis au cours de l’histoire, ce qui reflète la manière dont il a été compris. L’étude de l’Écriture suppose une bonne connaissance de la société et des comportements sociaux dans les milieux qui ont vu naître les textes. La méthode sociocritique fait appel aux sciences sociales telles que l’anthropologie ou la sociologie. Elle exige de celui qui lit la Bible une compétence, non seulement dans la recherche biblique, mais aussi dans les sciences sociales. 

La lecture matérialiste ne doit pas être comprise comme opposée au spirituel, mais plutôt au monde des idées selon Platon, pour qui ce sont celles-ci qui existent de toute éternité. Or, à ses yeux, les hommes et femmes sont bien concrets. Par exemple, dans ses textes centraux, la Bible prend fait et cause pour les opprimés et la défense de leurs droits. À partir du point de vue des plus faibles, elle promeut une organisation juste et fraternelle de la société.

LA LECTURE FÉMINISTE 

Cet ouvrage propose une lecture engagée et croyante qui met en évidence le rôle assumé par les femmes. La Bible a été écrite par des hommes. Hormis Jésus, aucun d’eux n’adresse la parole à une femme. Si, dans la communauté de Jésus, elles disposaient de droit et de pouvoir, les textes et interprétations ont estompé leur rôle. Citant les témoins de la résurrection, Paul n’omet que Marie Madeleine, pourtant le premier d’entre eux selon les Évangiles. L’exégèse féministe est donc une exégèse engagée à partir de l’option préférentielle pour les femmes. 

La lecture narrative considère un texte comme un mode de communication avec trois pôles : l’auteur, le message et le lecteur. Auxquels s’ajoutent l’intrigue, les personnages et un point de vue. Loin de tout catéchisme, elle propose le récit du salut dans lequel le lecteur, individuel et communautaire, est invité à entrer et à se reconnaitre. Le texte n’est pas un retour vers le passé, mais, en quelque sorte, une fin en soi. Il constitue un appel existentiel aux lecteurs des Évangiles : pour vous, qui suis-je ?

L’ouvrage du Cefoc présente différents textes lus par des groupes. L’un travaille sur le deuxième récit de la création (Gn2,4b-3,24), un deuxième sur le livre de Jonas, un troisième sur celui de Job. D’autres étudient, dans le Nouveau Testament, la parabole des vignerons homicides (Mc 12,1-12), l’onction à Béthanie et la dernière Cène (MC 14,1-31) ou le récit du légiste et du bon samaritain (Lc 10,25-37). Au lecteur d’entrer dans ce livre pour découvrir toute sa richesse.

Jean-Claude BRAU, Véronique HERMAN, Pontien KABONGO, Lire la Bible aujourd’hui : pourquoi ? comment ? Namur, Cefoc, 2023. Prix : 20€. ViaL’appel:-5%= 19€.

Paul FRANCK